La numismatique à travers les temps
- 28/02/2024
- Envoyé par : Rédaction GOLDMARKET
- Catégorie: Cours de l'Or
La numismatique tire son nom du mot numisma qui, en grec ancien, signifie « pièce de monnaie ». Par extension la numismatique désigne aujourd’hui l’étude historique du système monétaire sous toutes ses formes : pièces, billets, jetons et médailles. Une science donc, mais pas uniquement. Car au fil du temps la numismatique a progressivement touché différents publics. Celui des amateurs d’art, des collectionneurs – les numismates – mais aussi celui de la finance et des investisseurs.
Naissance et développement de la monnaie
Qui dit numismatique dit nécessairement monnaie. Il faut donc attendre la naissance puis le développement des monnaies en métal comme moyen de paiement pour voir émerger la numismatique. Les monnaies les plus anciennes retrouvées remontent aux VIIIème et VIIème siècles av. J.-C. Elles font leur apparition en Asie Mineure, en Chine mais aussi en Grèce. A cette époque chaque cité frappe ses propres pièces avec des signes et des symboles différents. Les pièces sont alors à la fois un signe de reconnaissance, d’appartenance mais aussi un symbole de puissance, à l’image des empereurs romains dont le profil orne leurs pièces dès le IIIème siècle av. J. -C.
Les épisodes de conquête et d’invasion barbares qui se succèdent pendant plusieurs siècles vont permettre à la monnaie de se faire connaître et de se répandre dans de nombreux pays. Mais dans beaucoup d’entre eux il n’existe pas encore de pouvoir centralisé. Chaque seigneurie, chaque clan bat sa propre monnaie. En Gaule il faudra attendre les Capétiens au XIIIème siècle et Hugues Capet pour que chaque monnaie du royaume soit frappée à son effigie. Les rois qui lui succèderont perpétueront cette tradition, inventant ainsi la monnaie royale unique à la place des nombreuses monnaies féodales. Dès le XIVème siècle, le système monétaire se développe avec des pièces en argent et en alliage de cuivre qui viennent s’ajouter aux pièces en or.
Quand la numismatique devient une science
La Renaissance marque une étape importante dans la numismatique. EN 1515, l’humaniste Guillaume Budé publie deux ouvrages sur les monnaies romaines antiques. Ces livres, qui illustrent parfaitement le penchant des érudits de l’époque pour tout ce qui touche à l’Antiquité Romaine, décrivent les monnaies sous un nouveau jour. Les pièces et médailles ne sont plus simplement des objets nécessaires au commerce, mais de véritables témoignages historiques et sociologiques de leur époque. Inscriptions variées, symboles, dessins, visages ou encore lettres…chaque pièce raconte un événement, une histoire.
Jusqu’au XVIIIème siècle, ces ouvrages serviront de référence à tous les historiens et chercheurs du monde entier qui souhaitent mieux connaître le passé. Car entre 1792 et 1798, Joseph Hilarius Eckhel, un prêtre autrichien, publie Doctrina numorum veterum. Le premier traité complet (en 8 volumes) de numismatique dans lesquels il revoit intégralement le classement des monnaies et médailles : par pays et ville où elles ont été frappées, les matériaux utilisés, quels symboles figurent dessus…Chaque détail est précisément décrit et analysé, permettant d’avoir une vision très précise de l’Histoire des civilisations. Toujours édité, ce livre est une bible pour tout numismate.
A partir de cette date, de nombreuses revues de numismatique sont éditées. Ce qui était jusque-là une science réservée aux érudits se popularise, faisant découvrir au plus grand nombre les monnaies et leur richesse.
Numismatique et collectionneurs
A l’image des historiens et des humanistes de la Renaissance, de nombreux nobles, riches seigneurs et ecclésiastiques vont s’intéresser aux arts de l’Antiquité gréco-romaine, et à leurs monnaies. C’est à cette époque qu’apparaissent les premiers collectionneurs de monnaies antiques, tels que les Médicis en Italie.
Il faudra attendre le début du XIXème siècle et les premières revues numismatiques pour voir la numismatique se démocratiser. Car celles-ci ne parlent pas uniquement de monnaies antiques, et donc chères, mais de monnaies plus modernes, d’origine diverses et donc plus abordables. Les numismates se retrouvent alors dans le monde entier, et dans toutes les catégories sociales de la population. Et leurs motivations sont aussi très variées. Certains vont collectionner les pièces, les jetons ou les médailles pour leur intérêt esthétique. D’autres vont se concentrer sur un pays, un métal ou un alliage, sur une époque qu’ils apprécient, sur une thématique de représentation. D’autres encore vont préférer les pièces avec des symboles, des personnages célèbres, ou des animaux.
Les pièces d’investissement ou comment investir dans la numismatique
Chaque numismate accorde de la valeur à sa collection de pièces de monnaie. Une valeur sentimentale mais aussi une valeur numismatique (ou valeur de collection), c’est à dire liée à la rareté des pièces. Tirage limité, état de la pièce, date à laquelle elle a été frappée… De nombreux facteurs peuvent influencer le prix et donc la valeur d’une pièce. Dans ce cas le type de métal (or, platine, palladium ou alliages) ainsi que la quantité de métal utilisée pour fabriquer la pièce de monnaie n’entrent pas en ligne de compte. Ce sont ces éléments qui, à l’inverse, vont intéresser les investisseurs.
Les pièces en or, en argent ou en palladium, sont aujourd’hui également assimilés à des placements financiers. On parle d’ailleurs de « monnaie d’investissement » ou de « pièces d’investissement ». Comme dans le cas des lingots d’or ou d’argent, c’est la valeur refuge du métal précieux qui va attirer les investisseurs. Sécuriser son capital en cas de crise, épargner, diversifier ses placements, ou transmettre un patrimoine…Investir dans les monnaies peut être motivé par de nombreuses raisons. Moins lourdes que des lingots, les pièces d’investissement sont donc moins chères à l’achat et donc plus accessibles au plus grand nombre.
Bon à savoir : Pour qu’une pièce en or, en argent, en platine ou en palladium soit considérée comme une pièce d’investissement, elle doit :
- Avoir ou avoir eu cours légal dans son pays d’origine,
- Être d’une pureté égale ou supérieure à 900 millièmes (au moins 90% d’or pur),
- Avoir été émise après 1800,
- Avoir été vendue sur le marché à un prix n’excédant pas plus de 80% de la valeur de son poids en or.
De l’amateur d’art à l’investisseur en passant par le collectionneur averti, la numismatique a su séduire un public de plus en plus large au fil des époques. Un succès qui ne semble pas se démentir car les monnaies ou médailles en métal précieux – or, platine et palladium – conservent toujours une certaine valeur, qu’elle soit sentimentale, de collection, ou valeur refuge.